Comprendre la culpabilité

Apprenez à comprendre l’émotion afin d’être mieux placé pour faire face à la culpabilité en vous et chez les autres.

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Pourquoi c’est important

Nous ressentons de la culpabilité quand nous croyons que nous avons fait quelque chose de mauvais ou commis une erreur. Elle peut se manifester aussi quand nous croyons ne pas avoir fait une chose que nous aurions dû faire. La culpabilité persiste lorsque nous ressassons des pensées sur ce que nous aurions dû faire ou ne pas faire. Parfois, si vous avez agi de la mauvaise manière, la culpabilité est une réponse naturelle et utile qui vous incite à essayer de présenter vos excuses ou de réparer les dégâts causés.  

Il y a d’autres moments où l’objet de la culpabilité n’est pas utile, par exemple quand elle nous empêche de prendre des mesures efficaces. Nous pouvons sans cesse ressasser les pensées coupables, bien plus qu’il ne serait utile de le faire en vue d’y remédier. Ce sentiment peut nous inhiber physiquement en détruisant notre motivation à faire autre chose que de penser à la culpabilité. Une certaine léthargie ou une fatigue peuvent s’installer. 

La culpabilité peut supposer des pensées négatives et autocritiques, par exemple « j’aurais dû » ou « je n’aurais pas dû ». Ces pensées peuvent nous amener à nous considérer comme des personnes mauvaises, irresponsables, peu méritantes ou égoïstes. 

La culpabilité peut avoir des manifestations mentales et physiques comme la tristesse ou l’anxiété. Elle peut être viscérale, semblable à des « pointes » de culpabilité, ou entraîner une accélération du rythme cardiaque, une respiration rapide ou une gorge sèche. 

Quand nous nous sentons coupables, notre réponse naturelle est de faire quelque chose pour contrebalancer ce sentiment : en d’autres termes, nous voulons réparer les dégâts. Cela peut consister à dire une chose pour justifier les actions à l’origine de notre culpabilité. Par exemple, nous pouvons expliquer aux autres les raisons pour lesquelles nous avons fait ou non quelque chose. Nous espérons ainsi nous convaincre et convaincre les autres que nous n’étions pas dans le tort. Quand nous justifions verbalement nos actes de cette manière, cela peut revenir à nous mettre « sur la défensive ». 

Les actions coupables peuvent également impliquer d’agir pour réduire les répercussions de ce que nous percevons comme une erreur. Par exemple, si une chose que nous disons contrarie une personne, nous pouvons faire des choses gentilles pour elle afin de « nous faire pardonner ». Enfin, comme tout autre sentiment lié à l’anxiété, la culpabilité peut aussi mener naturellement à l’évitement. Une personne qui se sent coupable à propos d’un événement passé peut essayer de changer le sujet quand une personne le mentionne au cours d’une conversation. 

Exploration et réflexion

Les exemples qui suivent présentent des situations qui provoquent un sentiment de culpabilité et une anxiété connexe. Notez comment ces types de pensées qui provoquent un sentiment de culpabilité peuvent nous rendre mal à l’aise et nous pousser à agir pour nous débarrasser de ce sentiment. Remarquez également comment nos actions sont différentes quand nos pensées ne sont pas les mêmes. 

Situation 1 

En raison d’une restructuration, un gestionnaire conserve son poste, mais certains de ses employés sont congédiés. 

Pensées qui provoquent la culpabilité 

« Je ne devrais pas être ici. Je ne mérite pas plus que ces personnes d’être ici. » 

Actions motivées par la culpabilité  

Le gestionnaire se tourmente à propos des répercussions de la restructuration sur les personnes congédiées. Il ressasse des pensées de colère contre l’entreprise et ressent de la culpabilité parce qu’il a conservé son emploi. 

Pensées qui modèrent la culpabilité  

« Il est normal pour moi de me sentir mal pour ces employés. En fait, cela montre que je me soucie d’eux. Mais je mérite mon emploi et j’ai travaillé fort pour l’avoir. Me sentir coupable ne changera rien à la situation. » 

Situation 2

Une personne donne respectueusement une rétroaction négative à un ami. Cet ami se met à pleurer. 

Pensées qui provoquent la culpabilité 

« Je suis tellement bête. J’aurais dû être plus sensible. Je suis une mauvaise personne. » 

Actions motivées par la culpabilité  

  • La personne tente désespérément de réconforter son ami. 
  • Elle retire ses critiques et se confond en excuses. 
  • Elle jure qu’elle ne donnera plus jamais de rétroaction négative à cet ami, aussi importante qu’elle puisse être. 

Pensées qui modèrent la culpabilité  

« Je devais donner cette rétroaction. Ne pas la fournir n’aidera personne. J’ai fait de mon mieux pour être respectueuse et compréhensive au moment de communiquer ce message. » 

Situation 3  

Un ami aide un de ses copains à poser des bardeaux sur son toit. Ce dernier, propriétaire de la maison, se rend compte que son ami peine à faire le travail et il en connaît la raison. En effet, le copain n’a pas pris le temps de montrer la marche à suivre à son ami. Normalement, cet ami sait comment bien se débrouiller, peu importe la tâche. 

Pensées qui provoquent la culpabilité 

« Je suis irresponsable. Je n’aurais pas dû présumer qu’il saurait comment faire quand il m’a offert son aide. » 

Actions motivées par la culpabilité  

Le copain évite de croiser le regard de son ami : il sait comment travailler de manière sécuritaire, il n’est tout simplement pas très compétent. Offrir de son temps pour aider le copain était une offre si généreuse de l’ami. Le copain essaie de se faire pardonner en revoyant à la baisse ses attentes à propos du travail de l’ami. 

Pensées qui modèrent la culpabilité  

« Il faut terminer les travaux avant qu’il se mette à pleuvoir et je ne peux pas y arriver tout seul. Le mieux que je puisse faire est de m’excuser de ne pas avoir pris le temps plus tôt de lui montrer comment poser les bardeaux correctement. Je vais le faire maintenant en lui expliquant la manière plus appropriée de le faire. » 

Situation 4   

Un projet d’équipe est retardé parce que la personne qui dirige le groupe n’arrive pas à s’assurer que certains membres s’acquittent de leurs tâches d’ici l’échéance. 

Pensées qui provoquent la culpabilité 

« J’ai laissé tomber tout le monde. J’ai commis une erreur. Je ne sais pas bien diriger. » 

Actions motivées par la culpabilité  

La personne accomplit les tâches des autres à leur place, même si cela peut nuire à ses relations et à son bien-être. 

Pensées qui modèrent la culpabilité  

« Le projet est énorme et je ne peux raisonnablement pas faire mieux. Je vais réunir l’équipe pour discuter des options à notre disposition. » 

Situation 5 

Une coordonnatrice bénévole demande à l’un de ses bénévoles de s’occuper d’une tâche différente parce qu’il semblait avoir de la difficulté avec celle qui lui avait été attribuée au départ. Le bénévole paraît anéanti. 

Pensées qui provoquent la culpabilité 

« Je suis tellement bête. Il ne mérite pas d’être traité de cette façon. J’aurais vraiment dû être plus compréhensive. » 

Actions motivées par la culpabilité  

  • La coordonnatrice bénévole est indulgente à propos des attentes. 
  • Elle laisse de nouveau le bénévole sans supervision pour éviter de le blesser. 
  • Elle est exagérément amicale avec l’ensemble des bénévoles pour mettre en valeur son côté aimable et humain. 

Pensées qui modèrent la culpabilité  

« Je sais par expérience que le rendement aurait pu s’aggraver si je n’avais pas pris des mesures tôt pour rectifier la situation. Je vais proposer à ce bénévole de le former une autre fois pour la tâche initiale si cela l’intéresse. » 

Réaction

Il est important de se souvenir que la culpabilité n’est pas forcément rationnelle. Parfois, nous pouvons réellement être dans l’erreur, mais à d’autres occasions, c’est notre juge intérieur qui nous fait ressentir de la culpabilité. 

La prochaine fois, vous devriez vous poser la question suivante : « Ai-je réellement été égoïste ou est-ce que cela fait tout simplement partie de toute relation? » Si la réponse est « oui », une bonne stratégie à suivre peut consister à faire quelque chose à ce propos, comme présenter ses excuses ou offrir de faire quelque chose pour la personne lésée. 

Toutefois, si la réponse est « non », vous devez faire attention à ne pas aller à l’encontre de vos propres intérêts. Par exemple, n’assumez pas des tâches que vous n’avez pas le temps d’accomplir uniquement pour des questions de culpabilité. Il est utile de prendre acte de la culpabilité lorsque vous la ressentez et de faire une pause pour vous assurer que vous avez agi de manière rationnelle plutôt que de suivre simplement vos premiers sentiments. 

Dr. Joti SamraMary Ann BayntonMyWorkplaceHealth