Ce sujet fait partie d’une série de sujets de la bibliothèque de conversations de soutien. Avant d’engager la conversation, passez en revue les directives, y compris ce que vous devez faire si vous vous inquiétez pour la sécurité d’une autre personne.
Que remarquez-vous ?
Vous remarquez qu’une personne qui vous est chère éprouve peut-être de la solitude. Il y a peut-être un changement important dans sa routine (comme le fait de dormir beaucoup plus ou de se retirer des activités sociales habituelles). Ou bien, son apparence ou son hygiène personnelle sont négligées et elle mange mal. Il se peut aussi que vous l’entendiez tenir un discours négatif sur elle-même, estimant par exemple que « personne ne la comprend vraiment » ou qu’elle n’a pas « d’amis proches ».
Que devez-vous savoir?
Une certaine forme de soutien ou de lien social est importante pour le bien-être d’une personne. Le fait de se sentir proche des autres est un besoin humain qui, lorsqu’il n’est pas satisfait, peut créer du stress et aggraver des problèmes de santé antérieurs. La solitude – qui n’est pas la même chose que le fait d’être seul – survient lorsqu’une personne a le sentiment que ses relations ne répondent pas à ses besoins de rapprochement, de soutien ou de compréhension. La solitude est un état d’esprit.
Exemples de situations de solitude :
- une personne est entourée d’autres gens, mais ne se sent pas à sa place;
- une personne est entourée d’autres gens, mais ne bénéficie pas du soutien ou de la relation qu’elle recherche;
- une personne perd un être cher dans sa vie (voir la section « Perte »);
- une personne est seule, mais souhaite être avec d’autres.
De quoi devez-vous tenir compte?
Si vous vous inquiétez au sujet d’une personne qui souffre de solitude, sachez que s’il est normal de ressentir des épisodes de solitude de courte durée tout au long de sa vie, les sentiments de solitude prolongés conduisent à un état chronique qui peut avoir une incidence négative sur la santé générale s’il n’est pas traité. La solitude persistante peut être liée à la dépression, à l’anxiété et à un risque accru d’autres problèmes de santé tels que les maladies cardiovasculaires et des accidents vasculaires cérébraux.
Le sentiment de solitude peut toucher n’importe qui et n’est pas exclusif à un type de personnalité. Lorsqu’une personne souffre de solitude, il est probable qu’elle ne se sente pas comprise ou soutenue. Engagez les conversations en tenant compte de ce contexte et en formulant vos propos dans une optique de soutien, tout en prenant soin de dire à quel point vous appréciez la personne et la relation. N’ayez pas peur de demander à la personne comment elle se sent. Le fait d’avoir quelqu’un qui est prêt à vous écouter est un grand réconfort. Cela valide aussi le vécu de la personne tout en remettant en question sa conviction d’être seule au monde et de ne pas être bien comprise.
Vous souhaitez engager une conversation de soutien?
Adoptez un état d’esprit adéquat
Entamez la conversation dans un esprit de soutien. Assurez-vous de ne pas laisser votre intention cachée jouer un rôle, par exemple de vouloir corriger ou influencer la personne. Évitez les déclarations du type « accusatif », comme « vous faites toujours... ». Elles peuvent donner à la personne le sentiment d’être jugée ou dévalorisée. Soyez curieux et abordez la conversation en partant du principe que vous ne savez rien de ce que vit cette personne.
Questions pour vous aider à vérifier votre état d’esprit :
- Quelles sont mes hypothèses sur cette situation?
- Comment puis-je éviter que mes hypothèses n’interviennent dans la conversation et apporter mon soutien ?
- Qu’est-ce que j’espère obtenir en engageant cette conversation?
- Comment puis-je empêcher mes propres désirs de résultat d’interférer avec ma capacité à apporter du soutien?
Repérage
Relevez les changements de comportement qui ne sont pas typiques de la personne et posez- lui des questions à leur sujet, mais n’ajoutez pas vos propres hypothèses ou opinions sur les raisons de ces changements. Si vous vous trompez, vous risquez de décourager la personne de poursuivre la conversation.
Exemples d’amorces de conversation de « repérage » :
- « J’ai remarqué que vous semblez dormir beaucoup ces derniers temps, et cela m’inquiète. Voulez-vous parler de ce que vous ressentez? »
- « J’ai remarqué que dans la conversation, vous donnez l’impression de ne pas avoir beaucoup de relations proches ou que les gens ne vous comprennent pas. Est-ce bien ce que vous ressentez? »
- « Vous avez mentionné que vous aviez du mal à bien manger. Qu’est-ce qui en est la cause, selon vous? »
Préparation de l’intervention
Toutes les conversations de soutien ne débouchent pas sur une compréhension de la manière dont vous pouvez intervenir. Rappelez-vous que l’objectif d’une conversation de soutien est de comprendre les besoins et les souhaits de la personne et de savoir si elle est prête à accepter de l’aide. Les lignes directrices ci-dessous peuvent vous aider à vous préparer à réagir lorsque la personne est ouverte ou non à une discussion.
Lorsque la personne ne semble pas ouverte à la discussion – une réponse de fermeture :
Certaines personnes n’aiment pas qu’on leur demande ce qu’elles ressentent ou pourquoi elles se comportent différemment. Vous pouvez obtenir des réponses évasives, comme « Je vais bien» ou « Cela ne vous regarde pas ». Dans ce cas, vous pouvez répéter votre préoccupation et laisser la possibilité à la personne de communiquer avec vous plus tard et de vous parler lorsqu’elle sera prête.
Vous pourriez dire :
- « Je m’inquiétais pour vous et je voulais en savoir plus. Si vous dites que vous allez bien, je vous fais confiance. Si cela change, je suis là pour vous soutenir si vous avez besoin de moi ».
Si la conversation de soutien s’arrête, vous devriez vous sentir bien d’avoir repéré la situation et de vous être renseigné sur son bien-être. Essayez de ne pas prendre sa réponse ou son ton de manière personnelle, même si la conversation ne mène nulle ne part. Il faut du courage pour entamer ce type de conversation, et il ne vous appartient pas de forcer une personne à reconnaître ou à modifier son comportement.
Lorsque la personne semble être ouverte à la discussion – une réponse d’ouverture :
Si la personne confirme qu’elle se sent différente ou que les circonstances de sa vie ont changé, vous avez réussi à engager une conversation de soutien.
La déclaration suivante pourrait être :
- « Dites-m’en plus. Je veux mieux comprendre ce que vous vivez. »
Continuez à suivre les directives ci-dessous pour engager une conversation de soutien.
Poursuite de la conversation
Écoute
Soyez à l’écoute pour déceler si la personne se sent mal soutenue ou a l’impression que ses besoins ne sont pas satisfaits. Lorsqu’elle a fini de parler, validez ce que vous avez entendu en reformulant son intervention et en lui demandant si vous l’avez bien comprise.
Exemples d’« écoute » au cours de la conversation :
- « Je comprends que vous vous sentez épuisé à force d’essayer de nouer des liens avec les autres. Est-ce exact? »
- « On dirait que vous remettez en question votre valeur personnelle par rapport à la façon dont les gens vous perçoivent, et que vous pensez qu’ils ne veulent pas passer du temps avec vous ou vous comprendre – est-ce bien cela que vous dites? »
- « Vous avez déclaré que vous ne mangez pas bien, car vous n’avez pas l’énergie nécessaire pour préparer des repas sains. Ai-je bien compris? »
Mention des points forts
Mentionnez et soulignez les points forts que vous constatez chez la personne. Il peut s’agir, par exemple, du courage ou de la persévérance dont elle a fait preuve face à la situation dont elle vient de vous faire part.
Exemple de « mention des points forts » au cours de la conversation :
- « Je suis très heureux que vous ayez partagé vos sentiments de déconnexion avec les autres. Il est difficile de partager ses sentiments et de se sentir vulnérable. Je vous comprends et je souhaite vous aider. »
Mesures de soutien
Déterminez le soutien auquel la personne est ouverte et aidez-la à trouver les ressources appropriées. N’insistez pas pour qu’elle obtienne un soutien ou des ressources dont elle ne veut pas ou qu’elle n’est pas prête à accepter.
Exemples d’« identification de mesures de soutien » dans la conversation :
- « Vous avez évoqué le besoin d’aborder le sentiment de solitude, alors comment puis-je vous aider au mieux en ce moment? Une rencontre régulière peut-elle être utile? » *
- « Je peux vous proposer des ressources susceptibles de vous aider à résoudre ce problème - cela vous conviendrait-il ? »
* Remarque : Si votre soutien est limité, soyez précis sur ce que vous pouvez faire. L’offre de soutien doit être réaliste et correspondre à vos propres capacités et au temps dont vous disposez. Sinon, discutez de ce qu’il est réaliste de faire tous les deux pour apporter des changements dans la vie de la personne.
Établissement d’un plan d’action
Établissez un plan d’action avec la personne pour tirer parti de ses points forts et assurez un suivi régulier, en ajoutant des ressources supplémentaires lorsqu’elle est prête. Expliquez clairement le calendrier et la manière dont vous le soutiendrez.
Exemple d’« établissement d’un plan d’action » dans la conversation :
- « Je suis très heureux que nous ayons eu cette conversation. Vous avez mentionné quelques points sur lesquels vous vouliez agir. Je vous enverrai mon offre de soutien au cours de la semaine prochaine. »
Merci de votre soutien! Vous avez pris le temps d’apprendre à engager une conversation qui montre à votre ami ou à votre proche que vous avez remarqué son état et que vous vous souciez de lui. En vous montrant concerné, vous pouvez l’aider à évaluer s’il doit continuer comme ça ou aborder certains problèmes dans sa vie. Pour certains, cela peut être le début d’un parcours qui nécessitera l’aide de services de soutien ou de professionnels supplémentaires.
Ressources supplémentaires
Pour être un soutien efficace, vous devez mieux comprendre ce que vit votre proche ou votre ami(e). Consultez ces ressources pour avoir une meilleure idée de ce qu’il ou elle vit :
- Solitude et lien social
- Perte et deuil
- Composer avec le sentiment de solitude | PDF par l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM)
- Vous n’êtes pas seul par Statisique Canada
- Des liens essentiels par la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC)