La colère en tant que symptôme

La colère est une réaction à une injustice réelle ou perçue. Nous adoptons parfois des comportements qui s’apparentent à la colère, mais ils sont en fait le symptôme d’une émotion sous-jacente comme la culpabilité ou la honte.

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Pourquoi c’est important

La colère est une émotion normale, saine et utile. Elle peut nous donner l’impulsion nécessaire pour poser des actions, face à une injustice par exemple. La colère devient problématique seulement lorsqu’on la laisse dicter notre réponse au lieu de s’en inspirer pour choisir des comportements plus appropriés. Ces comportements s’inscrivent dans un continuum, et leur intensité peut varier de la motivation ou de l’inspiration à la fureur ou à la rage.

La colère ne remplit aucune fonction utile dans une situation où nous ne faisons face à aucune forme de menace réelle ou perçue. Dans ce cas, la colère est souvent une émotion secondaire.

Cela signifie que la colère peut être le symptôme d’une émotion primaire sous-jacente, comme la peur ou la souffrance, qui peut être plus difficile à gérer ou à exprimer.

Il peut nous sembler que l’expression de la colère soit un signe de force, et que l’expression de sentiments de peur ou d’anxiété, d’insécurité ou de souffrance soit un signe de faiblesse. Cette perception, évidemment erronée, peut résulter de l’éducation reçue ou des expériences vécues. L’expression adéquate de toutes les émotions est l’une des compétences liées à l’intelligence émotionnelle. Lorsque nous arrivons à identifier l’émotion sous-jacente, nous sommes plus en mesure de résoudre efficacement le problème en cause.

Exploration et réflexion

Pensez à une situation dans laquelle une personne ou vous-même avez eu une réaction de colère. Essayez de vous souvenir d’un événement où, avec le recul, vous pouvez voir que la colère était le symptôme d’une autre émotion. Voici quelques exemples pour vous aider à explorer ces concepts.

Peur, insécurité ou anxiété

Vous taquinez un collègue au sujet d’une baisse de rendement au travail, et il répond avec une colère inhabituelle. Il craint peut-être de perdre son emploi parce qu’il a déjà reçu un avis disciplinaire à ce sujet. Votre collègue peut donc interpréter vos taquineries comme une menace ou une attaque, même si ce n’était pas votre intention. Pour certaines personnes, il est plus facile de réagir avec colère que d’admettre leur insécurité ou leur peur.

Sachant cela, vous pouvez regarder au-delà de la réaction et chercher à comprendre ce que vit la personne. Vous serez moins porté à vous sentir visé par la colère des autres et pourrez mieux communiquer avec les personnes qui vivent de la peur, de l’insécurité ou de l’anxiété.

Débordement émotionnel

Vous vous surprenez à avoir une réaction de colère lorsqu’on vous invite à un événement spécial. Après réflexion, vous pourriez réaliser que vous êtes en colère parce que vous vous sentez surchargé. Cette colère vous invite à revoir votre équilibre travail-vie personnelle, temporairement du moins. L’ajout d’une seule activité peut paraître comme une injustice à première vue, mais vous pouvez reconnaître que l’injustice provient des exigences déraisonnables que vous vous imposez.

Grâce à cette réflexion, vous pourrez offrir une réponse beaucoup plus courtoise à l’invitation. Elle vous permettra aussi de tirer profit de la sagesse de cette émotion en rétablissant un équilibre travail-vie personnelle plus sain.

Tristesse ou souffrance

Les personnes qui vivent une grande perte peuvent parfois ressentir de la colère. Vous pourriez vivre une telle colère à la suite d’une rupture amoureuse ou du décès d’un proche, par exemple.

Il est important que vous lâchiez prise sur cette colère, qu’elle soit dirigée contre vous-même ou les autres, et reconnaissiez votre tristesse. En restant accroché à la colère, vous risquez de ne pas pouvoir poser les gestes positifs qui vous aideront à avancer dans la vie.

Culpabilité ou honte

Une personne vous demande en passant où vous étiez, et vous réagissez avec colère. Vous dites à la personne qu’elle vous surveille continuellement et qu’elle envahit votre vie privée. En fait, il se peut que vous soyez allé à un endroit où vous savez que cette personne aurait aimé vous accompagner. Ou encore, vous y êtes peut-être allé avec une personne particulière que l’autre n’approuve pas. Votre sentiment de culpabilité ou de honte peut vous mettre sur la défensive et vous faire réagir avec colère.

Lorsque vous arrivez à reconsidérer vos réactions de colère, vous avez la possibilité de garder une vision objective plutôt qu’émotive. La culpabilité et la honte, même lorsqu’elles se cachent sous la colère, ont des effets néfastes importants sur la santé mentale et physique (Davis et al., 2015).

Réaction

La prochaine fois qu’une personne ou vous-même réagissez avec colère, prenez un moment pour vérifier s’il n’y aurait pas des émotions sous-jacentes en cause. Cette simple réflexion peut changer votre façon de répondre et mener à un résultat plus satisfaisant.

Ressources supplémentaires

Références

  1. Davis, D. E., Ho, M. Y., Griffin, B. J., Bell, C., Hook, J. N., Van Tongeren, D. R., DeBlaere, C., Worthington, E. L., Jr. et Westbrook, C. J. (2015). Forgiving the self and physical and mental health correlates: A meta-analytic review. Journal of Counseling Psychology, nº 62, vol. 2, p. 329-335.

Dr. Joti SamraMary Ann Baynton